L'Ancien Monde, forum RPG sur l'Epée de Vérité LE jeu de rôle sur l'Epée de Verité ! |
| | La vie secrète des mots | |
| | Auteur | Message |
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Ellenwen VIP
Nombre de messages : 1379 Age : 34 Localisation : En train d'attendre que Grmin réponde tiens, andouilles Date d'inscription : 31/12/2006
| Sujet: La vie secrète des mots Dim 6 Mai - 14:08 | |
| Il y a tant de mots qu'on ne peut pas dire, qu'on ne veut pas dire. Tant de mot qui sont enlevés par le temps avant qu'on ai eu le temps de les chuchoter, tant de mots que l'on voudrait dire et que l'on oublie. Des parcelles de souvenirs qu'on aimerait partager et qui finissent en propriété privée. C'est ce à quoi songeait Lilliane en enfonçant de la pointe de ses pieds les pédales un peu rouillées de son vieux vélo. Elle pédalait tranquillement, d'une allure assez régulière, sans vraiment savoir où elle allait. La route défilait devant elle comme défilent les photos de vacances que l'on montre aux amis. Elle connaissait parfaitement la route, boucle huilée qu'elle avait parcourue tant de fois. Et pourtant elle pédalait pour fuir. Sans savoir quoi ni comment. Il lui semblait que peut-être elle pourrait partir, laisser derrière elle sa vie. Non, pas sa vie, on ne peut pas laisser sa vie. Sa vie c'est sa respiration et les pulsations de son coeur. Encore une expression étrange. Laisser sa vie derrière soi. Quoiqu'il en soit elle voulait laisser ses habitudes, laisser tout, laisser rien, laisser le peu de choses qu'elle avait à elle. Laisser ses souvenirs. Elle pédalait comme si la route allait l'amener ailleurs, dans des lieux qu'elle ne connaissait pas. Elle pédalait, errante et sans but. Encore des mots qu'elle ne pourrait jamais dire. Je fuis. Fuir quoi ? Elle n'était même pas triste. Pourquoi l'aurait-elle été ? Elle avait tout. Tout ce qu'il fallait du moins. Ses parents étaient aisés, elle vivait dans une grande maison avec un grand jardin que son père soignait précieusement et qui était devenu magnifique avec le temps. Le jardin, pas son père. Elle mangeait chaque jour à sa faim, dormait dans un lit confortable et moelleux. Elle avait tout le confort qu'elle pouvait souhaiter. Elle avait des amis et gardait comme un trésor les moments qu'ils passaient ensemble. Elle ne souhaitait pas d'amour et s'en portait très bien. Bien sur elle avait des problèmes, comme tout le monde. Pourtant elle n'en avait pas eu depuis... une semaine ou deux, elle ne s'en rappelait plus. Un record. Mais elle fuyait. Le ciel était gris, comme s'il menaçait de déverser sur le pays un flot de goutte froide et serrée. Pourtant la jeune fille savait qu'il n'en ferait rien. Du moins pas tout de suite. Elle n'habitait pas en, Bretagne depuis tant d'années pour ne pas savoir quand elle risquait de revenir trempée jusqu'aux os au domicile familiale. Elle ralentit l'allure et regarda autour d'elle. La route descendait dans une petite pente qu'elle dévalerait le plus vite possible afin de remonter sans efforts de l'autre côté. Sur son côté des grands pins, ou sapins, elle n'avait jamais su faire la différence. Elle fut attirée, comme toujours par l'épais lit d'aiguilles que l'on pouvait apercevoir au sol, à travers leurs branches basses. Cela lui rappelait son Bordeau natal, la douce odeur de sève, du sable chaud et de la mer qui vous piquait le nez et vous donnait envie de vous blottir là. De rester blotti dans un creux de la dune à écouter le doux ressac et à pouvoir quiter ses mots qui vous empoisonnaient l'existence, qui vous obligeait à tout justifier, à tout expliquer. Ces mots qui occultait le langage du silence, ses mots qu'elle ne parvenait jamais à formuler. Elle détourna le regard et se concentra sur la route devant elle. Peu avait que la pente remonte, il y avait un peu carrefour, quatre routes perpendiculaires l'un à l'autre. Hormis ce petit vélo bringueballant qui couinait à chaque coup de pédale, qui grinçait à chaque tressautement, il n'y avait personne. Elle n'avait jamais croisé personne sur cette route. Exceptés parfois quelques promeneurs épris du calme des lieux. Elle traversa le carrefour sans ralentir le moins du monde et s'élança sur la route en face, qui devint bien vite un chemin à peine goudronné. Apercevant une sorte de trou caillouté dans la route elle se dressa machinalement sur ses pédales, comme pour pédaler en danseuse, lorsque la machine tressauta. La selle était dure, et il valait mieux éviter de s'abandonner aux cahots de la route, sans quoi on pouvait s'attendre à avoir du mal à s'assoir pendant quelques jours. Il aurait été temps de la changer, comme tout le vélo d'ailleurs, mais la jeune femme s'y refusait absolument. A vingt ans le vélo lui semblait plus résistant que ceux que l'on vendait actuellement -et elle avait probablement raison. De toute manière avec lui elle pouvait tout faire, de la route comme du tout terrain. Elle ne comptait pas le jeter. A mi pente elle du pédaler à nouveau afin de prendre de la vitesse. D'un petit coup de guidon elle finit sur le bas côté, légèrement surélevé. Elle arrêta son vélo, le posa sur le sol et s'avança de quelques pas vers le rebord de la falaise. C'est là qu'elle venait toujours. Chaque tour de vélo se finissait ici, assise sur une cailloux qui dépassait vaguement du sol, une vallée de fougères, d'arbres rabougris et pliés à ses pieds, et là mer, devant elle, à sa gauche aussi. De là elle pouvait voir l'immense plage, le centre de voile avec ses bateaux bien alignés, aux focs repliés. C'est là qu'elle venait toujours, sans qu'elle sache pourquoi. Où qu'elle compte partir, où qu'elle aille elle s'asseyait toujours ici. Elle regarda la mer qui s'étalait doucement, miroitant et mensongère avec ses nuances subtiles, ses éclats de lumières comme les écailles d'un serpent reflètent la lumière du soleil.
Il lui semblait qu'elle allait s'étouffer avec tous ces mots non dit qui lui empoisonnait la vie. Tous ces mots... et tous ces souvenirs... Aussi les laissa-elle remonter à sa mémoire, pour les partager avec la mer, pour les partager avec le ciel. Un jour chaud, dans un bus. La chaleur qui écrase et étouffe, au moins autant que les autres passagers, serrés dans un bus trop petit pour leur nombre. Ecrasée, contre la cabine du conducteur, à l'avant et des sièges, occupés par deux enfants. Elle se souvient qu'ils lui ont parlé, après qu'elle leur ai sourit pour les rassurer. Ils lui avaient fait découvrir leur monde, en parlant de leurs activités. Elle avait même eu le droit de voir la collection de cartes pokémon que tenait le petit garçon. Ils avaient rit, dit des bêtises. Elle les avait rassuré, leur disant où ils allaient descendre avec leur école. Elle aurait aimé dire à quelqu'un l'amour qu'elle avait ressentit pour eux et la joie qu'elle avait eu en leur parlant, en les voyant. Elle aurait aimé pouvoir partager ce bref moment avec quelqu'un. Un souvenir, lumineux comme une goutte de soleil. Assise sur un banc. Un ami en face d'elle. Et ce sourire, ce sourire qui la libère d'un mois de cauchemar. Ce sourire malicieux qu'elle connait depuis toujours et qu'elle désespérait de revoir. Ce sourire dans le soleil, surmonté de cheveux blonds en bataille. Elle n'a jamais dit la peur qu'elle avait eu de le perdre, elle n'a jamais dit les larmes qu'elle avait versé, elle n'a jamais dit la peur qui lui torturait le ventre. Elle n'a jamais dit sa joie. Et il est trop tard. L'eau a dilué ce sourire comme elle dilue la couleur d'une toile de peinture. Il est trop tard. Trop tard. Elle s'ébroua et se replongea dans des souvenirs plus joyeux. Sans qu'elle sache pourquoi ce fut une publicité qui lui revint en mémoire. Un nain de jardin qui dansait autour d'un pot de géranium en jouant sur une guitare minuscule et qui finissait dans un arrosoir parce qu'il avait été envoyé balader par une tige de la plante. Le le loup timbré de Merlin l'Enchanteur, qui finissait toujours à l'eau. Qui se prenait un tronc d'arbre sur la tête et flottait ainsi, le nez en l'air, recrachant par de petits jets l'eau qu'il avait avalé. Et l'écureuil amoureuse de Merlin. Et... Et elle éclata de rire. Là, toute seule. Elle rit jusqu'aux larmes. Larmes qui devinrent larmes de tristesse. Elle se souvenait. Se souvenait d'une chanson d'Aznavour devant le monument en souvenir du génocide Arménien. Et puis la tentative de suicide de sa cousine, la frayeur qu'elle avait eu. Et puis sa porte démontée suite à une dispute avec son père. Et toute ses petites misères qui forment le quotidien. Et puis comme un espoir, ses rires avec Guillaume traversent le ciel sombre de ses pensées, tout ce qu'elle lui avait confié. Tout ce qu'elle lui avait tu. Tout ce qu'elle espérait lui offrir. Tout ce qu'il lui offrait. Un ami... Et ses délires avec Cécile quand elles chuchotaient toutes les deux, complices des mêmes bêtises. Et ses marches avec Gaëlle. Et la fausse violence de Charles-André. Et Mille qu'elle consolait et qui savait délirer aussi bien qu'elle. Et... et tous les autres... Elle sourit. Il lui semblait entendre son coeur battre de nouveau. Aurait-elle été un chat qu'elle aurait ronronné. Elle se mit à chanter, sur un air très doux, inventant les paroles comme elle le voulait, chantant tous ces mots qu'elle ne disait jamais. Chantant ce qu'elle avait sous les yeux. Chantant ce qu'elle sentait. Chantant sa soeur qui regardait le Roi Lion avec elle, et qui prenait l'air de quelqu'un qui regarde un spectacle pitoyable quand on la regarde mais qui rit pour elle-même.
Et ses mots partir avec le vent, enfin libres. Après tant de mot à rester étouffé quelque part dans son esprit. Après avoir tenté de sortir, après avoir été oublié, perdu, ils se libéraient dans un tourbillon joyeux et désordonné. Ils dérivaient pour un nouveau continent, jusqu'à une oreille qui ne les entendrait pas mais qui serait soudainement empli de leur son, de leurs sens. Portés par des abeilles ils iraient se poser sur les lèvres d'un ami qui tente de se faire pardonner une gaffe. Ils iraient se poser sur le coeur d'une petite fille qui pleure. Pétales de phrases qui iraient fleurir un lieu qu'elle ne connaissait pas. Perle de rosée déposée au creux d'une vague. Elle pouvait presque les voir, de toutes les couleurs, de tous les états d'âme, de tous les rêves, de tous les espoir. Elle pouvait les voir qui s'envolaient du fond de son être.
Elle se tut et resta longuement silencieusement à les regarder. A regarder la mer et le sable. A se regarder. Puis elle se leva, vidée. Heureuse. Elle redressa son vélo et l'enfourcha, s'élança sur la route. Elle rentrait chez elle. La fuite était finie.Fin | |
| | | grmin Maître du jeu
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| Sujet: Re: La vie secrète des mots Lun 7 Mai - 9:48 | |
| Encore une fois, j'en reste muet Si, une chose : j'aime beaucoup quand tes silences sont si expansifs | |
| | | Ellenwen VIP
Nombre de messages : 1379 Age : 34 Localisation : En train d'attendre que Grmin réponde tiens, andouilles Date d'inscription : 31/12/2006
| | | | grmin Maître du jeu
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| Sujet: Re: La vie secrète des mots Lun 7 Mai - 18:38 | |
| Bah, quelques fautes par ci par là, mais veux-tu vraiment que je te corrige ? | |
| | | Ellenwen VIP
Nombre de messages : 1379 Age : 34 Localisation : En train d'attendre que Grmin réponde tiens, andouilles Date d'inscription : 31/12/2006
| Sujet: Re: La vie secrète des mots Lun 7 Mai - 19:10 | |
| si c'est que des fautes d'orthographe... comme tu veux | |
| | | grmin Maître du jeu
Nombre de messages : 1671 Age : 116 Localisation : C'est pas vrai. Depuis que tu es Devin, tu ne postes plus Date d'inscription : 12/06/2006
| Sujet: Re: La vie secrète des mots Lun 7 Mai - 19:15 | |
| bon, tu me demandes une critique sur le fond, en fait. | |
| | | Ellenwen VIP
Nombre de messages : 1379 Age : 34 Localisation : En train d'attendre que Grmin réponde tiens, andouilles Date d'inscription : 31/12/2006
| Sujet: Re: La vie secrète des mots Lun 7 Mai - 19:17 | |
| ben oui, ça aide à s'améliorer ^^ | |
| | | grmin Maître du jeu
Nombre de messages : 1671 Age : 116 Localisation : C'est pas vrai. Depuis que tu es Devin, tu ne postes plus Date d'inscription : 12/06/2006
| Sujet: Re: La vie secrète des mots Lun 7 Mai - 19:25 | |
| parce que c'est possible en plus ? je crois que je vais - vraiment - arrêter d'écrire, moi. | |
| | | Ellenwen VIP
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| Sujet: Re: La vie secrète des mots Lun 7 Mai - 19:37 | |
| AH NON !!!!!! CERTAINEMENT PAS !!!!!!! | |
| | | grmin Maître du jeu
Nombre de messages : 1671 Age : 116 Localisation : C'est pas vrai. Depuis que tu es Devin, tu ne postes plus Date d'inscription : 12/06/2006
| Sujet: Re: La vie secrète des mots Lun 7 Mai - 21:40 | |
| non, je ne pourais pas, tu le sais bien. j'arrêterai de publier seulement. | |
| | | Ellenwen VIP
Nombre de messages : 1379 Age : 34 Localisation : En train d'attendre que Grmin réponde tiens, andouilles Date d'inscription : 31/12/2006
| Sujet: Re: La vie secrète des mots Lun 7 Mai - 21:47 | |
| NON NON NON NON NON NON ET NON JE REFUSE !! | |
| | | grmin Maître du jeu
Nombre de messages : 1671 Age : 116 Localisation : C'est pas vrai. Depuis que tu es Devin, tu ne postes plus Date d'inscription : 12/06/2006
| Sujet: Re: La vie secrète des mots Mar 8 Mai - 11:01 | |
| Bon, d'accord, je cède. Ne serait-ce que pour prouver que j'ai raison. | |
| | | grmin Maître du jeu
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| Sujet: Re: La vie secrète des mots Jeu 10 Mai - 13:44 | |
| Ben, après relecture, je n'ai pas grand chose à critiquer, si ce n'est que je pense que le texte aurait peut-être besoin d'un peu d'aération, pour permettre de reprendre sa respiration ? | |
| | | Ellenwen VIP
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| Sujet: Re: La vie secrète des mots Jeu 10 Mai - 19:23 | |
| Oui, sans doute j'ai du mal à sauter des lignes | |
| | | grmin Maître du jeu
Nombre de messages : 1671 Age : 116 Localisation : C'est pas vrai. Depuis que tu es Devin, tu ne postes plus Date d'inscription : 12/06/2006
| Sujet: Re: La vie secrète des mots Jeu 10 Mai - 19:34 | |
| pas si grave qd mme. mais, bon, tu m'as demandé de critiquer ... | |
| | | Ellenwen VIP
Nombre de messages : 1379 Age : 34 Localisation : En train d'attendre que Grmin réponde tiens, andouilles Date d'inscription : 31/12/2006
| Sujet: Re: La vie secrète des mots Jeu 10 Mai - 19:38 | |
| je te remercie de le faire | |
| | | grmin Maître du jeu
Nombre de messages : 1671 Age : 116 Localisation : C'est pas vrai. Depuis que tu es Devin, tu ne postes plus Date d'inscription : 12/06/2006
| Sujet: Re: La vie secrète des mots Jeu 10 Mai - 19:40 | |
| Boh, je le fais si peu (quoique du maximum qui soit possible). | |
| | | Ellenwen VIP
Nombre de messages : 1379 Age : 34 Localisation : En train d'attendre que Grmin réponde tiens, andouilles Date d'inscription : 31/12/2006
| Sujet: Re: La vie secrète des mots Jeu 10 Mai - 19:42 | |
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| Sujet: Re: La vie secrète des mots | |
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