L'Ancien Monde, forum RPG sur l'Epée de Vérité
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 La voyageuse

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Ellenwen
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Ellenwen


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MessageSujet: La voyageuse   La voyageuse EmptySam 8 Sep - 15:15

Liliane eut un léger sursaut lorsqu'elle reprit brutalement connaissance. Ou plutôt lorsqu'elle s'éveilla. Comme toujours après avoir effectué un voyage, des milliers d'informations lui revenaient en masse, saturant son esprit de souvenir et de pensées. Et comme toujours elle se contenta de se laisser planer, sans chercher à résister. Les souvenirs l'effleura comme on effleure un pétale de fleur. Des milliers de sons, d'odeurs, d'images et de gouts lui revinrent en mémoire, ainsi que quelques centaines de sentiments tous légèrement différent les uns des autres. La jeune femme apprit ainsi, ou plutôt réapprit, le sensation du soleil sur sa peau, le gout du sel et l'appreté des larmes et le bonheur d'un sourire. Elle se souvint du velouté de la peau d'un fruit, la sensation de chaleur du sable et tout ce qui constituait sa vie. Elle se souvint de sa tristesse et de son innefaçable espoir, d'une chanson lointaine et d'un coucher de soleil où elle avait bien cru finir son errance. Puis la tempête se calma doucement. L'esprit de la jeune voyageuse resta un instant dans un espace noir où rien ne parvenait. Un moment hors du temps où elle s'intégrait peu à peu dans le monde. Puis petit à petit elle prit conscience d'une douleur lancinante qui se battait dans sa tête. Conséquence de son dernière séjour dans un monde... Trop de bruit, trop de monde. Elle eut un léger gémissement en se souvenant de l'horreur qu'elle avait vécu...

~o~O~o~


Lorsqu'elle était arrivée, après avoir repris ses esprits, la première chose dont elle avait prit conscience avait été le bruit. Un bruit fort, lancinant, incessant et bordonnant. Le Bruit. Il lui semblait que rien ne pouvait lui échapper. Qu'il l'entourait. Elle avait distingué le bruit de moteurs de dizaines et de dizaines de voitures et de camion, pimenté parfois par le bruit aigrelet d'une mobylette qui passait ou du tintement d'un téléphone, d'une cloche. En accompagnement, le bruit sourd de quelques marteau-piqueurs faisait doucement vibrer le sol. Et par dessus tout le bruit de millieurs de voix dominait la cacophonie. Des voix qui bruissaient comme le vent dans les arbres, un vent de tempête, un vent de bourrasques. Elle se souvint que, avant même d'ouvrir les yeux, elle avait froncé les sourcils, assourdie et dérangée. Et puis elle avait commencé à entendre les questions. Alors elle avait ouvert les yeux. Elle était allongée sur le dos, sur un banc dont elle ne parvenait pas à se rappeler la couleur, au plein milieu d'une ville. Elle avait tout d'abord distingué un coin de ciel bleu et d'immenses tours de verre qui lui donnèrent le vertige. Fatiguée elle avait refermé les yeux un instant avant de basculer sur le côté et de les rouvrir. Ce fut seulement à cet instant qu'elle comprit d'où venait les questions.... Elle était entourée d'une foule de personnes qui la regardait avec la même expression de curiosité et d'avidité qu'un vautour devant sa proie future. Ils se tenaient tous, rassemblés en cercle, et paillaient des questions sans se préoccuper de celle que posait le voisin, pas plus qu'ils ne se préoccupaient de la pertinence de ce qu'ils disaient. Liliane avait songé qu'ils semblaient se préoccuper bien plus du son que produisait leurs voix que ce qu'elle disait réellement. Elle s'en était sentie fatiguée d'avance puis, après avoir poussé un long soupir, elle prêta une oreille attentive à ce qu'ils demandaient. Et le défilé des questions commença :
-Vous êtes une voyageuse ?
-Pourquoi êtes vous ici ?
-C'est quoi l'histoire des voyageurs ?
-Quel est votre nom ?
-Racontez nous ce qu'il se passe lorsque l'on passe d'un monde à l'autre ?
-Et comment sont les autres mondes ?
-Et pourquoi avez vous les cheveux blonds ? Pourquoi avez vous les yeux bleus ? Vous parlez quelle langue ? Pourquoi êtes vous ici ?
-Que pensez vous de notre ville ?
-Que ressentez vous ?
-Vous êtes humaine ?
Liliane avait soupiré de nouveau. Les questions étaient, dans l'ensemble, parfaitement ridicules. N'importe quel idiot aurait compris qu'elle était effectivement une voyageuse, nul autres qu'eux ne pouvait apparaitre brutalement à un endroit incongru après avoir fait un voyage à travers l'espace et le temps comme elle venait de le faire en apparaissant sur ce banc. Et tout le monde savait très bien que ce groupe, les voyageurs, étaient constitués d'un petit nombre de personne, condamnés à errer à travers les différents mondes jusqu'à ce qu'ils trouvent celui auquel ils appartiennent... Ce qui pouvait ne jamais arriver...

Puis après avoir trié les réponses qu'elle pouvait donner elle ouvrit la bouche pour parler. Elle s'attendait à ce que le silence se fasse, comme dans chacun des mondes dans lequel elle était arrivée... Ce qui ne fut pas le cas. Chacun continua de poser des questions... Les réponses ne les intéressaient pas vraiment... Seuls quelques enfants semblaient l'écouter... Aussi se forçat-elle à répondre du mieux qu'elle pouvait. Elle expliqua qu'elle se nommait Liliane, qu'elle arrivait d'une planète étrange où la mot de communauté ou de société n'existait pas. Chacun vivait seul, en ermite, sans jamais parler. Le mot langage n'existait d'ailleurs pas. Ou si peu. Elle n'y était pas restée plus d'un mois. Le temps d'apprendre qu'elle avait désespérément besoin de sentir quelqu'un auprès d'elle, de sentir la vie qui tournait autour d'elle. Et le temps d'apprendre beaucoup plus de choses d'elle-même qu'elle ne l'aurait cru, elle s'en rendait compte à présent, chose qu'elle omit soigneusement de dire. Elle continua son explication en leur explicant que oui, elle était une humaine comme les autres, à la recherche de son monde comme d'autres cherchaient un foyer pour un vivre. Que chaque fois qu'elle arrivait dans un monde elle parlait sa langue, qu'elle avait des sentiments humains, comme tout le monde ou presque et qu'en ce moment présent elle se sentait épuisée, lasse et terriblement perdue.

Pendant qu'elle donnait ses explications, elle s'était assise sur le bas, avait remonté ses genoux contre sa poitrine, les enserrant de ses bras et avait posé sa tête dessus, laissant ses très longs cheveux blonds couler autour de son visage et se répendre sur le banc. De temps en temps lorsqu'une mèche plus petite que les autres lui tombait devant les yeux, elle secoua doucement l tête pour l'envoyer en arrière ou soufflait dessus doucement. Elle se sentait oppressée par cet environnement trop bruyant. Il lui semblait que malgré les gens autour d'elle, leur solicitude elle était eule. Plus seule encore que dans le dernier monde où une vieille femme l'avait reccueillit, sans joie mais sans colère non plus. Ici il lui semblait qu'elle était invisible, transparente. Elle ne se sentait pas la moindre importance, comme si elle avait été un insecte parmi des géants. Tout cela l'angoissait et elle sentit une petite contraction familière au niveau de son ventre. Lorsqu'elle eut fini de parler, elle garda le silence, ses grands yeux dévisageant ses interlocuteurs. Ceux-ci gardèrent le silence quelques secondes puis explosèrent en milliers de petites constatations, d'anecdotes sur des voyageurs qui auraient été apperçu par les grands-parents des parents de l'arrière grand-oncle du cousin au troisième degré de leur belle-soeur. Puis enfin, l'un d'entre eux se souvint des convenances à adopter envers elle et, s'avançant vers elle, lui proposa le gîte et le couvert le temps de son passage dans ce monde, en souhaitant que celui-ci ne prenne jamais fin. Dans ce cas, dit-il, il l'aiderait à se procurer de quoi s'intégrer à leur modeste communauté.

Liliane, tout en songeant qu'elle n'avait jamais vu une modestie aussi fausse et en priant pour ne pas rester longtemps dans ce monde, avait alors accepté avec reconnaissance. Elle s'était levée de son banc, légèrement étourdie et chancelante et avait suivit la vieille femme qui s'était proposée de la reccueillir. Ils étaient arrivés quelques minutes plus tard dans une petite maison, d'aspect agréable parmi toutes ces tours en verre. On lui avait donné une petite chambre à l'arrière de la maison, probablement une chambre d'ami inutilisée depuis un certain temps. Elle sentait le renfermé et le papier était défraichi. Néanmoins Liliane soupira d'aise. Elle avait connu bien pire... Et rarement mieux. On lui fournit également de nouveaux vêtements, ce qu'elle apprécia fortement, étant encore vêtu de sortes de peaux de bêtes à peine et mal tannée... Cette fois elle eut le droit à une robe noire, un peu démodée mais parfaitement à ses gouts.

Elle avait passé un long mois dans ce monde. Un mois sans savoir où elle était, un mois abasourdie et assourdie par le bruit ambiant. Chacun ne parlait que pour soi, incapable d'écouter son voisin, incapable de concevoir que les mots voulaient dire quelque chose. Elle avait souvent rencontré de douc rêveurs, plantés au coin de quelques rues, qui débitaient des listes de mots, sans même en savoir le sens. Ils les lançaient sans intentions, les laissant mourir dans l'air tiède du soir, les laissant se vider de la substance. Et chaque fois qu'ils lançaient ces mots morts-nés, Liliane avait l'impression effrayante qu'ils tuaient peu à peu la communication, qu'ils tuaient des liens invisibles. Qu'ils tuaient les mots. Qu'ils tuaient la vie. Durant tout ce mois là, elle avait erré, fantôme invisible dans une population de cristal. Elle priait chaque jour pour repartir le plus vite possible. Pour quitter cette impression de n'être qu'une vague fumée. D'être la seule à savoir ce que le mot affection signifiait. Durant tout ce mois elle passait son temps à regarder la vie défiler devant ses yeux et à se demander comment elle existait encore. Comment des liens pouvaient se créer entre deux êtres alors qu'ils ne partageaient rien. Alors qu'ils passaient leur vie à parler pour eux-même, à s'entendre sans s'écouter. Une vie centrée sur ses pensées... Une vie étrangement muette dans cet univers de bruit...

~o~O~o~


Et maintenant, cela y était ! Elle venait enfin de le quitter ! Elle venait d'arriver ailleurs... Dans un monde de silence et de calme d'après ce que ces oreilles pouvaient en percevoir. Un monde où elle pouvait entendre le bruit du vent et le chant des oiseaux. Elle n'aurait jamais cru que cela aurait pu lui faire tant de bien. Ni qu'elle y était autant attaché. Elle soupira doucement d'aise et resta quelques secondes de plus, les yeux fermés, profitant de la paix qui l'entourait, laissant ses maux de tête s'apaiser lentement. Puis un discret chuchoti non loin d'elle lui fit doucement ouvrir les yeux tout en tournant directement la tête vers le côté. Comme dans le monde précédent elle était entourée par une foule de personne, de tous âges et de toute taille. A cette différence près qu'ils la regardaient tous en souriant avec gentillesse et émerveillement pour les enfants. Et qu'ils ne parlaient pas, respectant sa prise de conscience de ce qui l'entourait. Souriant également, elle laissa ses yeux errer de tous côtés et découvrit une ville rustique, comme dans les livres d'histoire ou de contes de son enfance. Une ville de bois et de pierre où les seuls moyens de véhicule étaient des chevaux et des carioles en bois. Une village perdu, entouré d'une forêt à l'air paisible. Village pour l'heure désert puisque tous ses habitants semblaient être venus la voir. Et la recevoir. Elle-même était couchée à sa lisière, dans un coin d'herbe jouxtant la dernière maison. Ayant dévisagé le tout d'un air pasablement ébahi - et ravi - elle reporta son regard sur ceux qui l'entourait. Alors, à sa grande surprise, un jeune homme s'avança d'un pas et, s'agenouillant pour l'aider à s'assoir, il lui dit doucement :

-Bienvenue.
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MessageSujet: Re: La voyageuse   La voyageuse EmptyLun 10 Sep - 16:37

Très bien mais, comment dire en suspension un peu court : il y a matière à faire un vrai roman avec ça.
Il reste quelques petites fautes. Veux-tu que je t'aide à les corriger ?
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MessageSujet: Re: La voyageuse   La voyageuse EmptyLun 10 Sep - 21:30

Je n'ai pas mis fin Wink
Je veux bien ^^
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MessageSujet: Re: La voyageuse   La voyageuse EmptyMar 18 Sep - 15:59

Quand je disais matière à faire un vrai roman, c'est pas par rapport à ce que tu n'as pas encore écrit, mais plutôt par rapport à tout ce qu'elle a pu vivre avant d'en arriver là.
Bon, chose promise chose due, voici ma modeste tentative d'aide à la correction de ton texte. Les modifications sont en rouge. C'est pas pour faire "maîtresse", c'est juste parce que je trouve que ça se voit mieux.


Liliane eut un léger sursaut lorsqu'elle reprit brutalement connaissance. Ou plutôt lorsqu'elle s'éveilla. Comme toujours après avoir effectué un voyage, des milliers d'informations lui revenaient en masse, saturant son esprit de souvenir et de pensées. Et comme toujours elle se contenta de se laisser planer, sans chercher à résister. Les souvenirs l’effleurèrent comme on effleure un pétale de fleur. Des milliers de sons, d'odeurs, d'images et de goûts lui revinrent en mémoire, ainsi que quelques centaines de sentiments tous légèrement différent les uns des autres. La jeune femme apprit ainsi, ou plutôt réapprit, le sensation du soleil sur sa peau, le goût du sel et l'âpreté des larmes et le bonheur d'un sourire. Elle se souvint du velouté de la peau d'un fruit, la sensation de chaleur du sable et tout ce qui constituait sa vie. Elle se souvint de sa tristesse et de son ineffaçable espoir, d'une chanson lointaine et d'un coucher de soleil où elle avait bien cru finir son errance. Puis la tempête se calma doucement. L'esprit de la jeune voyageuse resta un instant dans un espace noir où rien ne parvenait. Un moment hors du temps où elle s'intégrait peu à peu dans le monde. Puis petit à petit elle prit conscience d'une douleur lancinante qui se battait dans sa tête. Conséquence de son dernier séjour dans un monde... Trop de bruit, trop de monde. Elle eut un léger gémissement en se souvenant de l'horreur qu'elle avait vécue...
~o~O~o~


Lorsqu'elle était arrivée, après avoir repris ses esprits, la première chose dont elle avait prit conscience avait été le bruit. Un bruit fort, lancinant, incessant et bourdonnant. Le Bruit. Il lui semblait que rien ne pouvait lui échapper. Qu'il l'entourait. Elle avait distingué le bruit de moteurs de dizaines et de dizaines de voitures et de camion, pimenté parfois par le bruit aigrelet d'une mobylette qui passait ou du tintement d'un téléphone, d'une cloche. En accompagnement, le bruit sourd de quelques marteau-piqueurs faisait doucement vibrer le sol. Et par dessus tout le bruit de milliers de voix dominait la cacophonie. Des voix qui bruissaient comme le vent dans les arbres, un vent de tempête, un vent de bourrasques. Elle se souvint que, avant même d'ouvrir les yeux, elle avait froncé les sourcils, assourdie et dérangée. Et puis elle avait commencé à entendre les questions. Alors elle avait ouvert les yeux. Elle était allongée sur le dos, sur un banc dont elle ne parvenait pas à se rappeler la couleur, au plein milieu d'une ville. Elle avait tout d'abord distingué un coin de ciel bleu et d'immenses tours de verre qui lui donnèrent le vertige. Fatiguée elle avait refermé les yeux un instant avant de basculer sur le côté et de les rouvrir. Ce fut seulement à cet instant qu'elle comprit d'où venaient les questions.... Elle était entourée d'une foule de personnes qui la regardait avec la même expression de curiosité et d'avidité qu'un vautour devant sa proie future. Ils se tenaient tous, rassemblés en cercle, et paillaient des questions sans se préoccuper de celle que posait le voisin, pas plus qu'ils ne se préoccupaient de la pertinence de ce qu'ils disaient. Liliane avait songé qu'ils semblaient se préoccuper bien plus du son que produisait leurs voix que ce qu'elle disait réellement. Elle s'en était sentie fatiguée d'avance puis, après avoir poussé un long soupir, elle prêta une oreille attentive à ce qu'ils demandaient. Et le défilé des questions commença :
-Vous êtes une voyageuse ?
-Pourquoi êtes vous ici ?
-C'est quoi l'histoire des voyageurs ?
-Quel est votre nom ?
-Racontez nous ce qu'il se passe lorsque l'on passe d'un monde à l'autre ?
-Et comment sont les autres mondes ?
-Et pourquoi avez vous les cheveux blonds ? Pourquoi avez vous les yeux bleus ? Vous parlez quelle langue ? Pourquoi êtes vous ici ?
-Que pensez vous de notre ville ?
-Que ressentez vous ?
-Vous êtes humaine ?
Liliane avait soupiré de nouveau. Les questions étaient, dans l'ensemble, parfaitement ridicules. N'importe quel idiot aurait compris qu'elle était effectivement une voyageuse, nul autres qu'eux ne pouvait apparaître brutalement à un endroit incongru après avoir fait un voyage à travers l'espace et le temps comme elle venait de le faire en apparaissant sur ce banc. Et tout le monde savait très bien que ce groupe, les voyageurs, étaient constitués d'un petit nombre de personne, condamnés à errer à travers les différents mondes jusqu'à ce qu'ils trouvent celui auquel ils appartiennent... Ce qui pouvait ne jamais arriver...

Puis après avoir trié les réponses qu'elle pouvait donner elle ouvrit la bouche pour parler. Elle s'attendait à ce que le silence se fasse, comme dans chacun des mondes dans lequel elle était arrivée... Ce qui ne fut pas le cas. Chacun continua de poser des questions... Les réponses ne les intéressaient pas vraiment... Seuls quelques enfants semblaient l'écouter... Aussi se forçat-elle à répondre du mieux qu'elle pouvait. Elle expliqua qu'elle se nommait Liliane, qu'elle arrivait d'une planète étrange où le mot de communauté ou de société n'existait pas. Chacun vivait seul, en ermite, sans jamais parler. Le mot langage n'existait d'ailleurs pas. Ou si peu. Elle n'y était pas restée plus d'un mois. Le temps d'apprendre qu'elle avait désespérément besoin de sentir quelqu'un auprès d'elle, de sentir la vie qui tournait autour d'elle. Et le temps d'apprendre beaucoup plus de choses d'elle-même qu'elle ne l'aurait cru, elle s'en rendait compte à présent, chose qu'elle omit soigneusement de dire. Elle continua son explication en leur expliquant que oui, elle était une humaine comme les autres, à la recherche de son monde comme d'autres cherchaient un foyer pour un vivre. Que chaque fois qu'elle arrivait dans un monde elle parlait sa langue, qu'elle avait des sentiments humains, comme tout le monde ou presque et qu'en ce moment présent elle se sentait épuisée, lasse et terriblement perdue.

Pendant qu'elle donnait ses explications, elle s'était assise sur le bas, avait remonté ses genoux contre sa poitrine, les enserrant de ses bras et avait posé sa tête dessus, laissant ses très longs cheveux blonds couler autour de son visage et se répandre sur le banc. De temps en temps lorsqu'une mèche plus petite que les autres lui tombait devant les yeux, elle secoua doucement l tête pour l'envoyer en arrière ou soufflait dessus doucement. Elle se sentait oppressée par cet environnement trop bruyant. Il lui semblait que malgré les gens autour d'elle, leur sollicitude elle était seule. Plus seule encore que dans le dernier monde où une vieille femme l'avait recueillie, sans joie mais sans colère non plus. Ici il lui semblait qu'elle était invisible, transparente. Elle ne se sentait pas la moindre importance, comme si elle avait été un insecte parmi des géants. Tout cela l'angoissait et elle sentit une petite contraction familière au niveau de son ventre. Lorsqu'elle eut fini de parler, elle garda le silence, ses grands yeux dévisageant ses interlocuteurs. Ceux-ci gardèrent le silence quelques secondes puis explosèrent en milliers de petites constatations, d'anecdotes sur des voyageurs qui auraient été aperçu par les grands-parents des parents de l'arrière grand-oncle du cousin au troisième degré de leur belle-soeur. Puis enfin, l'un d'entre eux se souvint des convenances à adopter envers elle et, s'avançant vers elle, lui proposa le gîte et le couvert le temps de son passage dans ce monde, en souhaitant que celui-ci ne prenne jamais fin. Dans ce cas, dit-il, il l'aiderait à se procurer de quoi s'intégrer à leur modeste communauté.

Liliane, tout en songeant qu'elle n'avait jamais vu une modestie aussi fausse et en priant pour ne pas rester longtemps dans ce monde, avait alors accepté avec reconnaissance. Elle s'était levée de son banc, légèrement étourdie et chancelante et avait suivit la vieille femme qui s'était proposée de la recueillir. Ils étaient arrivés quelques minutes plus tard dans une petite maison, d'aspect agréable parmi toutes ces tours en verre. On lui avait donné une petite chambre à l'arrière de la maison, probablement une chambre d'ami inutilisée depuis un certain temps. Elle sentait le renfermé et le papier était défraîchi. Néanmoins Liliane soupira d'aise. Elle avait connu bien pire... Et rarement mieux. On lui fournit également de nouveaux vêtements, ce qu'elle apprécia fortement, étant encore vêtu de sortes de peaux de bêtes à peine et mal tannée... Cette fois elle eut le droit à une robe noire, un peu démodée mais parfaitement à ses goûts.

Elle avait passé un long mois dans ce monde. Un mois sans savoir où elle était, un mois abasourdie et assourdie par le bruit ambiant. Chacun ne parlait que pour soi, incapable d'écouter son voisin, incapable de concevoir que les mots voulaient dire quelque chose. Elle avait souvent rencontré de doux rêveurs, plantés au coin de quelques rues, qui débitaient des listes de mots, sans même en savoir le sens. Ils les lançaient sans intentions, les laissant mourir dans l'air tiède du soir, les laissant se vider de la substance. Et chaque fois qu'ils lançaient ces mots mort-nés, Liliane avait l'impression effrayante qu'ils tuaient peu à peu la communication, qu'ils tuaient des liens invisibles. Qu'ils tuaient les mots. Qu'ils tuaient la vie. Durant tout ce mois là, elle avait erré, fantôme invisible dans une population de cristal. Elle priait chaque jour pour repartir le plus vite possible. Pour quitter cette impression de n'être qu'une vague fumée. D'être la seule à savoir ce que le mot affection signifiait. Durant tout ce mois elle passait son temps à regarder la vie défiler devant ses yeux et à se demander comment elle existait encore. Comment des liens pouvaient se créer entre deux êtres alors qu'ils ne partageaient rien. Alors qu'ils passaient leur vie à parler pour eux-mêmes, à s'entendre sans s'écouter. Une vie centrée sur ses pensées... Une vie étrangement muette dans cet univers de bruit...
~o~O~o~


Et maintenant, cela y était ! Elle venait enfin de le quitter ! Elle venait d'arriver ailleurs... Dans un monde de silence et de calme d'après ce que ces oreilles pouvaient en percevoir. Un monde où elle pouvait entendre le bruit du vent et le chant des oiseaux. Elle n'aurait jamais cru que cela aurait pu lui faire tant de bien. Ni qu'elle y était autant attachée. Elle soupira doucement d'aise et resta quelques secondes de plus, les yeux fermés, profitant de la paix qui l'entourait, laissant ses maux de tête s'apaiser lentement. Puis un discret chuchotis non loin d'elle lui fit doucement ouvrir les yeux tout en tournant directement la tête vers le côté. Comme dans le monde précédent elle était entourée par une foule de personne, de tous âges et de toute taille. A cette différence près qu'ils la regardaient tous en souriant avec gentillesse et émerveillement pour les enfants. Et qu'ils ne parlaient pas, respectant sa prise de conscience de ce qui l'entourait. Souriant également, elle laissa ses yeux errer de tous côtés et découvrit une ville rustique, comme dans les livres d'histoire ou de contes de son enfance. Une ville de bois et de pierre où les seuls moyens de véhicule étaient des chevaux et des carrioles en bois. Un village perdu, entouré d'une forêt à l'air paisible. Village pour l'heure désert puisque tous ses habitants semblaient être venus la voir. Et la recevoir. Elle-même était couchée à sa lisière, dans un coin d'herbe jouxtant la dernière maison. Ayant dévisagé le tout d'un air passablement ébahi - et ravi - elle reporta son regard sur ceux qui l'entourait. Alors, à sa grande surprise, un jeune homme s'avança d'un pas et, s'agenouillant pour l'aider à s'asseoir, il lui dit doucement :

-Bienvenue.
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MessageSujet: Re: La voyageuse   La voyageuse EmptyMar 18 Sep - 19:19

merci ^^
Et oui, je suis d'accord pour le roman mais... j'ai du mal à écrire de très longues nouvelles...
Mais oui, au début j'avais envisagé beaucoup plus long. Faudrait que je trouve le temps... un jour...
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MessageSujet: Re: La voyageuse   La voyageuse EmptyMer 3 Oct - 22:48

Liliane se releva, un peu stupéfaite et perdue. Elle resta un instant à dévisager son interlocuteur, ses cheveux bruns en bataille qui surmontaient des traits fins d'où se détachaient deux yeux d'un gris étrange, attendant qu'il continue à parler, qu'il dise autre chose, quelques mots. Ce qu'il ne fit pas, à sa grande surprise. Regardant autour d'elle, interloquée elle ne rencontra que des regards souriants qui semblaient manifestement attendre qu'elle parla, elle. Déboussolée et ignorant totalement ce qu'elle devait dire, la jeune femme bafouilla quelques mots incompréhensibles. Puis, se jetant à l'eau sans être vraiment sure d'elle, elle dit :

-Je suis une voyageuse.
-Nous savons.

Une fois de plus c'était le même jeune homme qui lui avait répondu, avec un sourire qui s'était teinté d'amusement et de taquinerie. Un sourire patient et moqueur. Reflet exact de ceux qui s'étaient dessinés sur les visages environnant. Liliane rougit doucement, gêné. Derrière une simple phrase, deux mots même, le jeune homme avait glissé tant de sens qu'elle savait qu'elle n'en avait compris que peu... Telles les poupées russes qui en dissimulent toujours de plus petites sans qu'il semble possible qu'il puisse y en avoir encore, la phrase du jeune homme regorgeait de significations. Il venait de faire comprendre à la jeune femme l'idiotie de sa phrase. Il venait de lui faire comprendre que ces mots étaient tout aussi vide de sens que ceux des habitants du monde d'où elle venait. Et elle qui s'était plaint de la stupidité de tous ces mots, se sentit incroyablement gênée. Ils savaient tous qu'elle était une voyage, elle pouvait difficilement être autre chose. Ils savaient tous également quels étaient leurs devoirs envers elle, leurs droits. Ils savaient son histoire, ou, du moins, l'histoire des voyageurs. Ils savaient qu'elle n'était probablement que de passage ici... Et derrière leur sourire, la jeune femme crut détecter un peu de compassion et de réconfort muet. Sentant son trouble, le jeune homme qui l'avait accueillit sourit de nouveau.

-Je me nomme Guillaume.
-Et moi Liliane, dit-elle en souriant à son tour. Regardant autour d'elle, elle continua. J'aime votre village.

Guillaume hocha la tête, un imperceptible sourire aux lèvres. Sans qu'elle s'en rendit compte, la jeune femme venait de faire la même chose que lui quelques instants plus tôt. Elle avait glissé dans sa phrase, les véritables sentiments qui l'agitaient, au delà du simple ravissement devant un village tel que le leur, et y avait sous-entendu quantité de choses. Elle avait dit le calme qu'elle ressentait en le voyant, sa surprise - agréable - et aussi, à sa façon, son besoin de tranquillité. Il resta un instant silencieux, la regardant. Il laissa son regard errer sur ses longs cheveux d'un blond doré qui tombaient en boucles désordonnées juste au dessous des épaules. Emmêlés et indisciplinés, elle les avait retenu par deux petites pinces sur les tempes. Elle avait des oreilles percées mais ne portait pas de boucle d'oreille, ce qui le surprit. Elle avait des yeux d'un vert eau un peu rêveur où dansait une légère lueur de mélancolie. Elle avait des traits communs. Sans être véritablement jolie son sourire illuminait son visage d'une lueur joyeuse. Le jeune homme fronça les sourcils sans parvenir à comprendre comment son sourire, si sincère, pouvait cohabiter avec la mélancolie indéniable de ses yeux. Pour un peu il aurait cru à un personnage sortit d'un roman de fantaisie si classique.
Son examen avait duré de longues secondes et pourtant, cette fois, la jeune fille n'avait rien dit. Le silence lui paraissait trop naturel pour être brisé. Elle se contenta de regarder autour d'elle, puis de dévisager son interlocuteur. Lorsqu'elle vit un fin pli se dessiner sur le front de celui-ci pendant qu'il prenait une expression perplexe, elle eut un léger sourire étonné et, penchant la tête, lui envoya un coup d'oeil interrogatif. Auquel il répondit par un haussement d'épaules. Elle n'insista pas. Ses pensées n'importaient et n'appartenaient qu'à lui. Elle allait prendre la parole pour ajouter un mot, sans savoir véritablement lequel, lorsqu'une femme dans certain âge vint la prendre par le bras, souriant elle aussi, avant de dire :

-Pardonnez à mon fils... il oublie tous ses devoirs devant une jolie jeune femme...
-Maman... gronda Guillaume en riant. Puis s'adressant à la voyageuse il poursuivit. Vous allez loger avec nous. Dans l'auberge. Venez.
-Je vous suis, dit celle-ci en souriant. Elle avait noté le vouvoiement et cela lui fit plaisir, sans qu'elle sache vraiment pourquoi. C'était la première fois qu'on la vouvoyait véritablement, sans arrières pensées, sans mépris. Et pourtant Guillaume avait son âge, il aurait pu la tutoyer sans que cela soit mal vu.

Ce fut la femme qui lui montra la route, la tenant toujours familièrement, mais avec beaucoup de gentillesse et de douceur. Guillaume, lui, marchait un petit peu devant, en silence, se retournant parfois avec un sourire. Puis il commenta pour la jeune fille :

-C'est la tradition chez nous. Voyant le léger froncement de sourcil de son interlocutrice qui ne comprenait pas, il compléta. D'accueillir les voyageurs à l'auberge. C'est une sorte de contrat.

Liliane ouvrit de grands yeux ronds sans comprendre de quoi on lui parlait. Elle n'avait jamais entendu parler de contrat entre les voyageurs et les habitants des mondes dans lesquels ils passaient. A part que ceux-ci leur devaient l'hospitalité – ce qu'ils étaient généralement toujours ravis de faire, espérant pouvoir raconter qu'ils avaient réussi à accueillir définitivement un. Ils devaient également les aider à s'insérer dans leur monde et en contrepartie les voyageurs devaient tout faire pour s'intégrer ou bien, si cela ne pouvait pas être, parler de leur monde dans les mondes suivants. Mais elle n'avait jamais entendu parler d'un contrat entre une auberge et des voyageurs. Se mordillant doucement les lèvres elle tacha de se rappeler tous les mondes précédents et toutes les situations devant lesquelles elle s'était trouvée. Sans trouver quelque chose d'approcher. Fronçant les sourcils et poussant un discret soupir elle maudit une fois de plus sa situation. Elle ne savait rien sur son peuple, n'ayant jamais rencontré quelqu'un qui y appartenait. Ils étaient trop rares et leurs légendes avaient du se perdre dans la nuit des temps, dans la nuit des mondes. Elle du se faire violence pour réussir à prononcer, d'une voix normale :

-Je ne comprend pas bien... Vous parliez d'un contrat ?

Guillaume se retournant, étonné par la question, fut étonné par la tristesse qu'il vit, qu'il pressentit chez la jeune femme. Pendant de longues secondes il fut incapable de répondre, cherchant désespérément pourquoi des paroles si simples, et une réalité si commune et si courante avait pu l'attrister et la surprendre. Dans tout ce monde et dans beaucoup d'autres, d'après la tradition orale qu'entretenait les voyageurs et qui se colportait d'un bout à l'autre de cette terre, c'est usage était répandu. Pendant qu'il se promettait d'éclaircir ce point, ce fut sa mère qui répondit d'un ton léger tout en jetant un coup d'oeil réprobateur à son fils :

-Oui. C'est une vieille tradition dans ce village. Si nous recevons un voyageur il loge à l'auberge. Pour sa commodité, nous avons toujours des chambres de libres, et pour qu'ils animent nos longues veillées. Elle sourit d'un air complice. Vous ne pouvez savoir ce que vos histoires peuvent nous divertir. Et vous tombez bien, voilà longtemps qu'aucun conteur n'était passé par ici, voyageur ou non.

Liliane sourit doucement, rassurée. Il ne s'agissait donc pas d'une tradition qu'elle aurait du à tout prix connaître. De plus la coutume lui plaisait, même si elle avait du mal à s'imaginer parlant devant tous de sa vie, de ses découvertes et des autres mondes. Elle avait toujours eu un peu de mal à exprimer ses pensées, et ne savait pas décrire les images qui se formaient dans sa tête. Et elle n'avait jamais aimé parler devant un large public. Mais elle ne pouvait refuser. Au moins, pour une fois, elle pourrait se rendre utile. C'était toujours mieux que d'errer dans des rues étrangères et inhospitalières ou de chasser pour pouvoir trouver de quoi manger le soir même. Ou bien de servir de bête curieuse à une foule trop avide. A cette pensée elle fronça légèrement les sourcils et se retourna, regardant derrière elle. Elle vit tout le village partir par petits groupes, devisant paisiblement ou échangeant quelques brèves paroles. Chacun retournait à son travail, s'éparpillant dans tout le village. Du coin de l'oeil elle vit la forge se remettre en route, doucement. Le feu reprit de son éclat, illuminant de rouge et de jaune les portes de vieux bois peint en un marron défraîchit. Elle distingua l'espace de quelques instants quelques morceaux de métal, une poutre et des murs sombres, puis elle regarda de nouveau autour d'elle. Délaissant la rue principale et ses maisons anciennes, ils s'engagèrent dans une rue parallèle et s'arrêtèrent devant une vaste demeure. Une enseigne délavée surmontait la porte et Liliane ne put s'empêcher de songer, une fois de plus, au livre d'histoire de son enfance, aux chevaliers, aux princesses et aux fées qui enchantaient des lieux si semblables à celui-ci.
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MessageSujet: Re: La voyageuse   La voyageuse EmptyMar 30 Oct - 0:11

Esquissant une mimique ironique à l'intention de ses souvenirs, elle regarda Guillaume lui adresser un petit sourire avant d'ouvrir la porte, la laissant grande ouverte au soleil de la fin de matinée. Le suivant, elle pénétra à sa suite dans une longue pièce au plafond relativement haut, soutenu par de vieilles poutres en bois noircis – probablement par la fumée des pipes et par l'âge. Les murs, eux étaient soigneusement repeint en une couleur crémeuse que rehaussaient les tâches vertes de quelques plantes sur le rebord des larges fenêtres qui déversaient leur flot de lumière jusque dans le fond de la salle. Après quelques pas des rangées de tables et de chaises, pour l'heure désertées, s'étalaient jusque dans le fond. Liliane fut surprise par la douce tranquillité des lieux. Elle fut tirée de son observation par la main de son guide qui se posa doucement sur son bras. Il lui adressa un léger signe de tête, l'invitant à se diriger vers le comptoir, tout au fond. Elle le suivit, sans faire de commentaire, continuant à regarder autour d'elle. Sans s'arrêter, ils se dirigèrent vers un grand escalier de bois qui s'ouvrait dans le fond et gravirent les marches sans précipitation. Nul ne parlait. Le silence était reposant et calme. Elle laissa sa main courir sur la rampe de bois patinée par l'usage.

Elle esquissa un léger sourire en se souvenant de son enfance et des fois où, dans le château où elle allait parfois, elle ne pouvait se retenir de dévaler les escaliers, à plat ventre sur une même rampe de bois. Elle le faisait toujours lorsqu'elle était sure d'être seule, trop effrayée par les gens qui l'entouraient alors. Et la seule fois où elle s'était fait surprendre avait marqué sa dernière visite à son père. De cette époque elle gardait peu de souvenirs, et presque aucune image. Des sons, des sensations, quelques odeurs qui resteraient toujours liées à tel ou tel moment et surtout une foule de sentiments hétéroclites qui s'entrechoquaient, se mêlaient et se confondaient si bien qu'il lui était parfois dur de savoir ce qu'elle avait réellement pu ressentir sur l'instant et ce qui était venu s'y greffer, plus tard.

Ce retour dans des souvenirs incertains ne dura pas. Ils ne duraient jamais longtemps, Liliane détestait évoquer un passé sur lequel elle n'avait pas de prise et qui n'appartenait qu'à elle. Elle sortit de ses pensées lorsqu'elle trébucha légèrement : elle s'était attendu à trouver une nouvelle marche sous ses pas et, n'ayant trouvé que le plancher du couloir avait été déséquilibrée. Elle sentit une main la rattraper au niveau du coude et l'aider à se redresser. Elle sourit légèrement tandis que ses hautes pommettes se coloraient légèrement quand elle croisa le regard amusé de Guillaume. Elle fit une petite moue qui fronça son nez et le fit rire en silence... Avant qu'ils n'éclatent de rire à l'unisson en entendant un petit commentaire amusé fuser derrière eux :

- On avait déjà un maladroit... en voilà deux... Pauvre auberge...

Il y eu un autre rire qui vint se mêler aux leurs et la jeune voyageuse fronça légèrement le nez, une nouvelle fois tout en lançant un regard à son compagnon qui le lui renvoya en commentant à mi-voix :

- Mon père.

Puis il poussa une porte qui s'ouvrait à sa gauche et, tout en la tenant ouverte, il s'effaça pour permettre à son hôte de pénétrer la première dans la chambre. Celle-ci le fit lentement, laissant encore une fois son regard errer autour d'elle. La chambre était singulièrement accueillante pour une chambre d'auberge, habituellement impersonnelle et froide. Et malgré sa rusticité Lilliane s'y sentit à l'aise.
Le plafond suivait la pente douce du toit. Tout était en bois clair et la pièce en semblait illuminé. La fenêtre qui ouvrait sur le bois était envahie par de la vigne vierge et laissait entrer une lumière rougie par les feuilles. Dans un angle, le lit aux draps et à l'énorme édredon d'un blanc crème, à l'opposé un bureau décoré d'un bouquet de fleur et une chaise sur laquelle était posée un coussin rouge sombre. Le plancher, usé, patiné et blanchis par d'innombrables lavages étaient d'une propreté éblouissante et Lilliane, avec un sourire un peu nerveux songea qu'elle ne pourrait jamais le maintenir en état... Elle fit d'ailleurs rassurée par une magnifique tache d'encre d'un bleu sombre étonnement vif, à côté du bureau. Elle n'était donc pas la seule maladroite à avoir occupé cette chambre. Il y avait une armoire, presque dissimulée dans un coin sombre et Lilliane dut retenir un début de fou rire en voyant qu'elle était calée par un petit morceau de bois épais sous un de ses pieds. Elle ne put s'empêcher de songer à une grimace et à un refrain, célèbre dans un des mondes où elle était passée et qui l'avait fait se tordre de rire et une pensée entraînant une autre elle se demanda si le lavabo avait une fuite et si le homard avait du poil aux pattes.

Guillaume, la voyait se mordre les lèvres pour s'empêcher de rire haussa un sourcil et demanda :

- Qu'y-a-t-il ?
- Le lavabo avait une fuite... Félicie aussi...
- Le lavabo ?
- Oui...

Et, sans rien ajoutée Lilliane posa son maigre sac de voyage sur le plancher et se tourna pour regarder le jeune homme avec une moue gentiment malicieuse. Elle le vit faire une grimace mi-amusée mi- perplexe, un de ses sourcils se levant comme un arc-en ciel et sa bouche se tordant en un pli intrigué. Mais elle ne dit rien et, pour toute explication se contenta de chantonner, d'une voix un peu mal assurée. Puis elle entreprit de s'installer comme elle put pendant qu'il la regardait faire, souriant à son tour. Elle rangea quelques vieilles robes noires défraîchies dans l'armoire, rougissant légèrement. Sur la table de chevet elle posa une brosse à cheveux en plastique, quelques barrettes pour retenir ses cheveux fous et un très vieux livre dont la couverture de cuir était abîmé, coupé et à demi ouverte et dont les lettres du titre avaient presque disparus qui était bien une des rares choses qu'elle avait réussit à conserver par delà tous ses voyages. Le reste avait disparu, ici et là, éparpillé à mesure qu'elle partait. Lorsqu'elle eut posé tout cela elle s'immobilisa, au milieu de la place et cette fois ses joues prirent une couleur d'un rouge plus soutenu. C'était tout ce qu'elle possédait, les seules choses qu'elle gardait d'un monde à l'autre en dehors de la chaîne et du petit médaillon qu'elle portait en permanence autour du cou, cachés sous le col de ses robes. Il lui semblait qu'elle était bien déplacée pour être ici, elle n'avait pas d'encre à poser sur le bureau, pas de plumes soigneusement taillées à disposer, bien rangées dans un coin. Pas de petite bourse d'argent à ranger dans un tiroir, aucune lettre attachée par un ruban à cacher dans un coin. Elle se retourna lentement vers la porte. Elle croisa le regard de Guillaume et ses lèvres se pincèrent très doucement. Durant quelques secondes rien ne bougea. Puis, lentement, il fit quelques pas vers elle et posa sa main sur son bras. Elle sentit ses doigts qui la serrait légèrement avant de la relâcher. De nouveau un silence immobile s'installa. Puis soudain le jeune homme rompit le silence. Désignant la brosse à cheveux d'un signe de tête, l'air intrigué, il demanda :

- C'est quoi ?
- Une brosse à cheveux.

Ce fut en voyant son air légèrement moqueur elle songea, amusée à son tour : « mauvaise réponse... » Toutefois elle mit un instant avant de comprendre le sens véritable de sa question. Elle ne comprenait pas ce qu'il voulait dire... Jusqu'à ce que le déclic se fît. Elle rit doucement pendant quelques secondes puis reprit :

C'est du plastique. Une matière qu'on ne connaît que dans certains mondes. C'est plus léger que du métal ou que du bois et très solide. Mais moins beau.
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