Traversée...

" Superbe épée ! Et tu disais avoir besoin d'un maître pour t'apprendre l'art de la forge ? Petit cachottier, va ! Je comprends maintenant les raisons de ton absence. Il a du t'en falloir du temps pour faire ça ! Mais, bon, je vois que tu n'as pas eu le temps de vraiment l'aiguiser, je te prêterai ma pierre de lune et l'huile de noix d'Ellenwen qui va avec, lorsque nous pourrons nous arrêter pour bivouaquer après en avoir terminé avec ce fichu passage."
puis, grmin soupesa les scories de fonte
" Ah, je vois que tu as pensé à moi. J'essaierai, autant que possible, de n'utiliser que les projectiles que la nature mettra à portée de ma main mais il y a des fois où il sera bien utile d'en avoir qui soient plus denses que des cailloux. Sans parler des endroits où il n'y a pas de cailloux."
grmin eut un regard légèrement dépité en voyant les pointes de flèches
"Et tu as pensé à Ellenwen également ! Ces pointes sont encore plus belles que tes premières. J'en aurai souhaité quelques unes également mais ne t'inquiète pas, j'étais en train de me débrouiller avec ce morceau dos. Bien sûr, je ne pourrai en faire que quelques unes et il faudra que j'aille rechercher mes traits après les avoir tiré mais qu'à cela ne tienne, cela fera une bonne motivation pour avoir un tir précis et efficace."
Puis, après un rapide coup d'oeil à Narya
"Et ne t'inquiète pas pour Narya, tu viens de lui faire un cadeau quand même : par ta seule présence, tu raccourcis les tours de garde que nous aurons à assumer lorsque nous ferons halte pour la nuit, et je suis certain que ce ne sera pas pour lui déplaire.
Mais c'est un peu prématuré d'en parler pour l'instant, puisqu'il n'est pas prévu que nous pausions plus longtemps que ce que nous venons de faire, tant que nous n'avons pas quitté ce défilé."
sans attendre leur réponse, grmin se remit donc en route
* C'est pas que l'endroit me déplaise, pas encore, mais si on s'attarde, c'est pas deux jours et une nuit de marche qu'il va nous falloir, mais une semaine complète. *

Mumak aprouva Grmin

" Pour les pointes de flèches, j'en ai forgé une vingtaine alors vous pourrez en prendre Monsieur Grmin "

Il rangea les pointes de flèches puis remit son sac et son arc, attacha de nouveau son épée et reprit la route.

" Je ferme la marche "

Il se mit à marcher derierre les autres, se retournant quelques fois pour voir si ils n'étaient pas suivis...

- Ce n'est rien si vous ne m'avez rien amener Sire Mumak, j'ai déjà une belle épée bien forgée et je sais m'en servir !
En revanche, j'espère que vous avez amener du café car d'après Grmin, il y aura très peu de repos et je ne peux pas rester plus de deux jours sans dormir...

Quand à l'étroitesse du passage, bah j'ai un petit problème de vertige, il faudra m'aider à passer alors. Et les pièges à loup, je pense que Finwë pourra nous être utile, non ?

C'est plus d'un Finwë qu'il nous faudra si vous voulez le donner en pature aux pièges afin que le passage soit libre pour nous. En plus, je doute fort qu'il soit d'accord. Ellenwen non plus d'ailleurs.
Quand à la largeur du passage, je ne parlais pas d'une falaise. Bien au contraire. Mais, vous vous souvenez de la désagréable expérience qu'Ellenwen nous a fait subir tout à l'heure, en nous faisant nous approcher du voile qui marque le début de la frontière ? Et bien il y aura un moment où nous serons dans une sorte de gorge très étroite dont les parois seront des "murs" de ce genre. Il ne faudra surtout pas s'y enfoncer sous peine de mort. Et plus loin, ce sera le chas de l'aiguille, trou dans un rocher à travers lequel il faudra se faufiler. Tellement étroit qu'il parrait qu'on est obligé de se mettre de profil pour passer.
Evidemment, tout ça devra se faire en pleine nuit.

J'ai bien peur que vous ne saisissiez pas encore la réalité de la frontière. Ce n'est pas une simple ligne virtuelle tracée sur le sol, qui dit "ici tu es chez toi, là tu es chez moi". C'est plutôt une sorte de mur pâteux, de brouillard inconsistant, posé entre Terres d'Ouest et les Contrées du Milieu, une sorte de No Man's Land qui apporte la mort à qui s'y aventure. Le passage du roi, dans lequel nous sommes, est une sorte de couloir sanitaire qui permet passer au travers de ce lieu de désolation sans y mettre les pieds. Concevez-le cependant comme parsemé de mines et donc potentiellement dangereux lui aussi.
Percevez les abords de la frontière comme si c'était un maillage de fil de fer barbelé sauf qu'au lieu de vous déchirer la peau, il cherchera plutôt à vous déchiqueter l'âme.
Bref, vous l'avez compris, votre résistance au sommeil, deux jours d'autonomie, sera amplement suffisante, parce que nous n'allons pas traîner.

Narya se mit à marcher encore plus vite. Cependant, elle regardait par terre. Elle n'avait absolument pas envie de marcher sur une de ses "mines" ni de tomber dans un piège à loup. Déjà là elle commençait à trouver le voyage bien long...

- Ca a intérêt à être bien ce qu'on trouvera de l'autre côté de la frontière !
D'ailleurs, je ne sais même pas où nous allons. Comment s'appelle le pays où nous nous rendons ?

En face, ce sont les "contrées du milieu". La frontière a été dressée pour nous en séparer de manière définitive, à l'époque où nos deux contrées étaient en guerre.
La rumeur veut que les gens de là bas soient des démons sanguinaires assoiffés de notre sang. De leur côté, je les imagine prêts à défendre becs et ongles leur pays de cocagne que nous serions avides de conquérir.
Mais, l'un dans l'autre, la raison me porte à penser que, pays ou personnes, cet endroit ne doit pas être bien différent du notre. Magie et fruits rouges exceptés, bien sûr.
Enfin, nous aurons notre part d'exotisme quand même. Ellenwen m'a vaguement parlé d'un des peuples auprès desquels sa mère adoptive avait exercé une ambassade, ou autre mission dont je n'ai pas bien compris la teneur. Peut-être pourra t'elle nous en dire un peu plus avant qu'un vrai danger ne nous menace ?

*Les contrées du Milieu ? Ca me fait penser à autre chose ça...*

Narya se retourne vers Ellenwen.

- Alors comme ça vous connaissez le pays que nous allons trouver derrière ?
Pour ma part, je n'étais jamais sortie de mon village avant l'assassinat de mes parents adoptifs... Je connais donc très peu le monde extérieur. Et vous avez parlé de magie aussi... Il est possible d'apprendre la magie ? Enfin je veux dire, est-e que je peux l'apprendre moi ? Si mes questions vous embêtent d'ailleurs, vous pouvez me le dire !

Ellenwen sortit de sa profonde rêverie en entendant les questions de Narya. Il lui fallut quelque secondes pour comprendre ce qu'on lui disait. Quand elle y parvint elle sourit en secouant la tête.

-Vous ne m'embêtez pas du tout, ne vous inquiétez pas. J'étais juste perdue dans mes pensées. On ne peut pas vraiment apprendre la magie. Il faut avoir le don pour cela. Mais dans les Contrées du Milieu, de l'autre côté de la frontière la magie fait partie intégrante de la vie. Et un nombre relativement élevé de personnes est magicien(ne). Il est tout à fait possible que vous aussi puissiez devenir magicienne mais ni vous ni moi ne pouvons le savoir. La magie a été bannie de ce côté là de la frontière, par volonté des habitants. C'est une longue histoire. Mais peu importe. De l'autre côté de la frontière vous serez confrontés à la magie, d'une manière ou d'une autre.
Ainsi que Grmin le suppose les gens des Contrées du Milieu ne sont pas différents de nous. Il ne faut pas oublier qu'il fut un temps où nous ne formions qu'un seul et même peuple. En fait les Contrées du Milieu sont constitués de plusieurs peuples chacun ayant des moeurs et des coutumes différentes. Ils parlent même des langues différentes même si celle parlée en terre d'ouest, ce côté-ci de la frontière est parlée en majorité. Une fois que nous serons sortis de ce.... passage nous arriverons sur le territoire d'un peuple nommé Abode. Il nous faudra faire très attention, ils n'aiment pas beaucoup les étranges. Ils ont pour habitude de saluer les gens en les gifflant. C'est considéré comme un signe de respect envers la force de leur interlocuteur. Ils s'enduisent également de boue...

grmin se méla de la conversation.
"Moi non plus, je n'aime pas trop les gens étranges. Mais mon métier fait que je suis habitué, par contre, à accueillir les étrangers.
C'est bizarre, ce que vous me dites, au sujet du peuple d'Adobe. Parce que s'ils sont bien comme vous dites, ils auraient du s'établir un peu plus loin que le débouché du passage du roi, afin de ne pas être sur la seule voie de communicatio entre nos deux contrées.
Puis, après un petit silence.
Oui, le don...
A mon avis, chacun le possède, de manière plus ou moins prononcée. Et je suis sur qu'à force de travail et de persévérance, si l'on dispose d'un bon encadrement, bien des choses sont possibles.
Moi même, depuis notre dernier séjour à l'auberge, je me sens parfois faire des choses un peu bizarres clin d'oeil

... même si je ne les ai pas vraiment cherchées.

Narya écouta Ellenwen et Grmin.

- Ils ont vraiment des coutumes très étranges de l'autre côté. Mais je suppose qu'ils pensent la même chose de nous. En fait, je pense qu'on pourrait apprendre beaucoup d'eux.
J'aimerais bien apprendre la magie personnellement. C'est un truc qui m'a toujours fasciné ! J'aimerais apprendre à déplacé les objets sans les toucher, je crois que ça s'appelle de la téké... téléké... télénikésie... Enfin, un truc de ce genre ! Ou alors, apprendre à me déplacer sans bouger !
Ca doit vraiment être très utile dans la vie de tous les jours la magie ! Mais aussi, on pourrait s'en servir pour se défendre. D'ailleurs, les gens de l'autre côté de la frontière ont un avantage sur nous, ils peuvent nous battre avec la magie et nous ne pourrions rien faire...

La magie, comme la langue, peut être la meilleure ou la pire des choses. Tout dépend de qui l'utilise et à quelles fins.
De nombreuses personnes la redoutent et préfèrent vivre sans elle. C'est pour eux qu'un pays comme Terres d'Ouest a été créé, d'où toute magie est absente. Et c'est justement pour que des mages malintentionnés n'en abusent pas pour leur imposer leur pouvoir que la barrière a été dressée. Finalement, tout se tient vous voyez ?

-Que les barrières ont été dressé. Parce qu'il y en a deux même si je crois que la deuxième s'est déjà effondrée. Il y a différentes formes de magie. Il y a la magie additive et la magie soustractive que personne ne maîtrise, excepté une exception exceptante, à ma connaissance. Mais le pouvoir des inquisitrices par exemple, de toucher la graine de compassion qu'il y a en chaque être et de "l'agrandir" jusqu'à ce qu'il ne reste plus d'un amour infini pour l'inquisitrice qui l'a touché, détruisant tout son être est aussi une forme de magie. Mais, comme je vous l'ai dit Narya, peu de personne savent vraiment maîtriser la magie. Ceux qui la possède s'en servent à des fins très limités. Ils ne peuvent pas se défendre avec. Les seuls à vraiment en avoir la maîtrise sont les sorciers.

Tout en marchant, grmin ramassait les brouissailles et branchages environnant afin de les assembler en fagots qu'il attachait ensuite à son havresac
* C'est bien beau, tout ça, mais si on veut y voir quelque chose, dans la nuit, il faudra quand même quelques torches *
Parmi les branchettes qu'il ramassa, il eut l'occasion d'en mettre de côté quelques unes qui étaient à la fois assez dures et absolument droites
* Voilà qui fera de belles hampes de flèches *
Ce faisant, l'observation du paysage ne laissait pas de l'inquiéter.
* Il y a un truc vraiment bizarre par là. Un endroit ou la lumière change de tonalité, plus sombre, comme quand on marche à l'ombre. Sauf qu'il n'y a là bas personne pour projeter son ombre. *
* Bah, l'ombre d'un nuage peut-être ? *
* Pas la peine d'effayer les autres avec ça pour l'instant *
* Si ça se met à bouger, promis, je leur en parle *

Profitant du court silence qui s'était installé pendant que Grmin cherchait du bois, Ellenwen regarda autour d'elle. Pendant un petit moment elle ne vit rien. Puis elle vit une ombre. Elle pâlit doucement. Elle ne voulait pas effrayer les autres mais il lui semblait primordial de les mettre au courant. Lorsqu'ils arrivèrent suffisament près elle leur montra du bois, sans faire de grands gestes et soupira.

-Messieurs Mesdames, je vous présente une ombre...

Elle s'était arrêtée pour regarder la réaction de cette dernière. Mais elle ne bougeait pas, semblant suspendue dans les airs. Ellenwen se fit toute petite. Elle savait que ses compagnons ne craignaient rien, ils étaient protégés. Mais pas elle... Ce qui l'inquiétait plus qu'elle ne voudrait jamais l'avouer. Elle se plaça entre Grmin et Narya, priant mentalement pour que les protections la couvrent légèrement. Ils passèrent en silence. Ellenwen ne se détendit même après l'avoir dépassée. Elle restait légèrement tendue et ne cessait de regarder autour d'elle pour repérer d'éventuelles suivantes. Elle sourit tout de même à ses compagnons de route et leur dit.

-Comme vous le voyez, vous n'avez rien à craindre d'elles. Elles sont abusées par vos protections.

Elle se retourna pour chercher Finwë des yeux. Il marchait tout à l'arrière mais l'ombre ne semblait pas l'avoir vu non plus. Sans doute ne pouvait-elle voir que les humains. Ellenwen soupira discrètement de soulagement. Elle n'était pas sure, avant de voir cela, que Finwë ne les craignait pas et elle avait peur pour lui.

* Zut ! Finwë n'est pas protégé, lui ! Il est possible que les ombres ne s'intéressent qu'à des humains. Après tout, celle-ci à bien la forme d'une silhouette humaine. Mais, sait-on jamais ? Il y a peut-être des ombres de chiens à coeur, qui pourraient s'intéresser à Finwë ? *
Viens ici, Finwë, s'il te plait
Finwë se demandait franchement ce que l'homme lui voulait. D'habitude, il n'y avait qu'Ellenwen pour s'adresser directement à lui. Il s'approcha quand même, moitié par curiosité, moitié parce qu'il voyait que grmin, accroupi, tenait un os à la main
" Non, ce n'est pas pour manger. Tu l'as déjà rogné, il n'y a plus rien à en tirer. Mais ne bouge pas, je te l'attache de manière à ce qu'il ne gène pas tes mouvements.
" Voilà, j'espère que ce sera efficace.
" Un loup protégé par un agneau, on aura tout vu.
une fois Finwë équipé, grmin se redressa
" Vous, Ellenwen, vous ne vous éloignez pas plus de deux doigts, comme on avait dit. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance dans la frontiéritude des agneaux de Valtordu mais je ne voudrais pas risquer un incident bêtement. Vous resterez donc avec Mumak, entre Narya et moi.
Ce faisant, grmin tendit un autre os à Mumak
" Oui, je sais, ça parrait loufoque. Je ne te demande pas d'y croire, juste de le porter pour me faire plaisir.

Narya serra son sac contre elle. Elle espérait que l'os de grmin qui était dedans la protégerait.

*Je me demande si je parle est-ce que cette ombre va m'entendre et pourrait m'attaquer...*

Narya se rapprocha un peu plus de ses camarades et se colla carrément à Ellenwen. Elle s'était même tellement rapprocher qu'elle lui agrippa le bras pour ne plus le lâcher.

Elle lui chuchota.

- Désolé, j'ai peur...

Ellenwen serra doucement le bras de la jeune fille. Elles restèrent côte à côte, à demi serrée l'une contre l'autre. Elle comprenait la peur de la jeune femme et savait parfaitement ce qu'elle ressentait. Elle se souvenait elle-même très bien de son premier passage où elle s'était blottie, complétement terrifiée dans les jupes de sa mère adoptive. Elle avait pleuré sans bruit pendant tout le trajet, de grosses larmes roulant sur ses joues. Elle avait été particulièrement effrayée par les ombres qui restaient là, semblant la regarder et la guetter comme un chat sa proie. Elle chuchota doucement, rassurante.

-Ne t'inquiète pas. Elles ne te feront aucun mal. Tu es protégée par mon pendentif. Elles te prennent pour une créature de du royaume des morts. Il faut juste se montrer un peu prudent pour qu'elles ne se rendent pas compte de leur erreur mais sinon tu n'as rien à craindre.

*Pour l'instant du moins...* Elle n'ajouta rien de plus pour ne pas lui faire vraiment peur. Elle aura tout le temps de s'inquiéter en temps et en heure. A supposer que Grmin ne mette pas les pieds dans le plat en en rajoutant une couche sur les dangers qu'ils auraient à voir et affronter.

" La bonne nouvelle, c'est que l'ombre semble se soucier de nous comme d'une guigne. La mauvaise, c'est qu'elle semble avoir amenés ses copines : regardez, il y en a plusieurs maintenant ! "
* Bon. C'est plutôt Ellenwen qui a besoin de protection, mais tant que Narya s'agrippe à elle comme ça, il n'y a rien à craindre *
" Hum. La nuit tombe. Prenez chacun une de ces torches que je viens de confectionner, nous les allimerons avec mon briquet tout à l'heure.
" Nous ne nous arrêterons pas pour bivouaquer, je le répète. Si vous avez faim, puisez dans votre provision de crèpes, j'en ai quelques unes de plus dans mon sac si vous n'en avez pas prévu assez.
" Par contre, les boudins d'agneau de Valtordu, c'est pour autre chose. D'ailleurs, je leur ai fait subir un petit traîtement et ils ne sont plus vraiment commestibles.
* Sauf pour un piège à loup, j'espère ... *
" Ah, une autre bonne nouvelle : avec la nuit, nous ne verrons plus les ombres.
" La mauvaise nouvelle, c'est qu'elles seront certainement là quand même et donc d'autant plus dangereuses.
* Et cette fichue frontière qui commence à se rapprocher, de part et d'autre. Quelle mauvaise blague va t'elle donc nous jouer ? *

Ellenwen soupira doucement. *Merci Grmin pour tes encouragements délirants...* En plus il semblait oublier qu'elle connaissait le passage. Alors son pas de bivouac surtout rappelez vous la faisait doucement sourire. Mais il avait raison. Malheureusement... Surtout qu'ils arriveraient bientôt au Chas de L'aiguille. Elle déglutit péniblement. Pour faire passer, pour tenter de faire passer le noeud qui lui tordait le ventre elle sortit de son sac des fruits, du pain, de la viande séchée et, après en avoir proposé à tout le monde et nourrit Finwë, elle mordit dans une poire et entreprit de se restaurer. Elle du allumer sa torche. Puis elle annonça.

-On va arriver au Chas de l'Aiguille. Voici le prochain tour de Dame Frontière. Faites très attention en passant à ne pas suivre les indications des créatures de derrière la frontière. Elles ne vous diront que des mensonges. Faites également attention à vos pieds, il devrait y avoir plus de piège-à-loups... Et plus d'ombres....

"Qu'est-ce que c'est que cette histoire de créatures et de mensonges, Ellenwen ? A quoi faut-il que l'on s'attende ?

-Je te l'ai déjà expliqué... Des créatures... je ne vois pas d'autre mot ou nom pour les nommer vont tenter de vous attirer à elles en prenant la forme des êtres qui vous ont été le plus chers. Votre mère ou votre père par exemple. Et elles vont tenter de vous attirer vers votre mort en vous disant que vous serez mieux avec elles, que vous leur manquer, qu'une fois que vous aurez franchis la frontière tout ira bien. Que vous n'aurez aucun soucis... Ce ne sont que des mensonges. Ce ne seront jamais ceux que vous avez perdu, elles en prendront juste l'aspect.

Narya se serra encore plus sur Ellenwen. D'un côté, elle avait tout de même honte d'avoir aussi peur. Elle se rappelait quand elle était plus jeune, son père adoptif s'amusait à lui faire peur en se déguisant. Elle s'accrochait au bras de sa mère adoptive de la même façon qu'elle était accrochée à Ellewen.
De son autre main, elle tenait la torche, essayant de ne pas se brûler. Elle avait aussi peur du feu...

*Bon, il faut que je me calme... Il vont me prendre pour une trouillarde sinon !*

Narya desserra un peu son étreinte et continua à bien regarder où elle mettait les pieds.

Ellenwen eut un vague sourire en sentant l'étreinte de Narya se resserrer sur son bras. La peur de la jeune femme lui faisait oublier la sienne. Une bonne chose en définitive. Sinon elle aurait rapidement été terrifiée. Elle chuchota avec un sourire à l'oreille de son amie.

-Affreusement affreux non ? On va bientôt pouvoir écrire un grand livre : comment j'ai affronté la peur de ma vie. Succès garantit...

Une manière de lui dire qu'elle n'était pas la seule à avoir peur et qu'il ne fallait pas en avoir honte. Une manière aussi de la rassurer légèrement, autant qu'elle le pouvait.

"Pour ma part, c'est pas ma vie qui me fait peur.
désignant la frontière
"C'est la mort des autres.
* qui sait quels cadavres elles ont dans le placard, et les tours pendables qu'elles vont nous jouer ? *

Ellenwen le regarda, intriguée. Soit elle n'avait pas compris ce qu'il voulait dire soit il n'avait pas compris. Dans tous les cas mieux valait tenter de comprendre là où ça clochait.

-Ma vie ne me fait pas peur à moi non plus. La mort des autres non plus. J'ai vu des gens mourir et quoique cela ai pu me faire je sais que la mort est un phénomène naturel. Et je ne la crains pas. Simplement... je ne sais pas s'ils usent de magie ou quoi mais ils se servent de vous, dit-elle désignant les créatures de l'autre côté de la frontière. Même si vous n'avez rien à vous reprocher.